Quand les seniors trouvent une seconde vie dans les PME

De grands groupes mettent leurs cadres en fin de carrière à disposition d'entreprises en mal de compétences. Un bon moyen pour rebondir.

Face à un chômage record des plus de 50 ans, le gouvernement qui avait tout misé sur les jeunes change son fusil d'épaule ; il prépare désormais un «plan seniors».
Afin de maintenir les plus âgés dans l'emploi, une expérience originale, menée sur le terrain par le réseau d'entrepreneurs «Parrainer la croissance», pourrait constituer une piste de réflexion parmi d'autres.

Le principe est simple: de grands groupes acceptent de mettre gratuitement à la disposition des PME certains de leurs cadres en fin de carrière.

L'intérêt est triple.
Pour le cadre senior, qui se retrouve à 55 ans dans un plan de départ ou ne se résout pas à partir à la retraite, c'est un moyen de rebondir.
Pour les PME, qui bien souvent peinent à attirer des compétences,
c'est l'assurance de croître et de monter en gamme.
Pour les grands groupes
enfin, c'est une manière d'accompagner leurs cadres
.
«Les grandes entreprises n'ont plus les moyens de faire un gros chèque pour faire partir un cadre. Elles préfèrent les aider à se recycler au plus vite», explique Denis Jacquet, président de «Parrainer la croissance».

Lancé en région parisienne, avec 25 seniors envoyés dans 15 PME, le projet doit être élargi dès l'automne à une centaine de seniors dans 40 entreprises, puis à 400 dans 200 entreprises d'ici à quinze mois. «Total a été le premier à se lancer, mais nous avons aussi Alcatel, Sanofi, GDF Suez, la SNCF.

D'ici à un an, nous aurons 80 % du CAC 40», affirme Denis Jacquet, qui bénéficie du soutien de politiques, à l'instar du sénateur Christophe Béchu à droite, ou des députés Laurent Grandguillaume et Thierry Mandon à gauche.
Il doit d'ailleurs présenter prochainement le projet à
François Rebsamen, ministre du Travail.

Accepter un salaire moindre

L'enjeu est de taille. En avril, le nombre de chômeurs de plus de 50 ans en catégorie A (n'ayant exercé aucune activité) s'est inscrit en hausse de 0,7 % et sur un an, la progression est de 11,6 %.
Mais pour les PME aussi, qui meurent souvent faute de compétences, les seniors valent de l'or
.
Obtenir l'aide d'un directeur juridique ou financier, d'un responsable des ressources humaines ou des achats expérimenté leur permet de passer à la vitesse supérieure.
Bien sûr, la greffe ne prend pas toujours. «Il faut que le cadre soit enthousiaste, qu'il n'y aille pas à reculons, qu'il s'adapte à l'univers d'une PME après avoir été habitué au confort d'un grand groupe pendant quarante ans», explique Denis Jacquet.
D'où le travail rigoureux de sélection du binôme cadre-PME, effectué par le réseau, puis de leur accompagnement pendant quatre à six mois.

 

Concrètement, le senior commence à travailler deux à trois jours par semaine pour la PME tout en étant payé par son groupe d'origine.
Si tout se passe bien, la PME lui fait une offre d'emploi entre le 9e et le 18e mois.
Bien sûr, il leur faut alors accepter une rémunération inférieure à celle qu'ils avaient dans leur grand groupe. Mais là encore, il faut être imaginatif. «Soit les seniors peuvent cumuler leur nouveau salaire avec leur retraite, soit il faut imaginer des compléments de rémunération comme une participation au capital ou des stock-options», note Denis Jacquet.
À condition alors que la fiscalité des stock-options soit revue afin de ne pas être confiscatoire. Un sujet évoqué lors des Assises de l'entrepreneuriat l'an dernier et qui n'a toujours pas été traité.
Au final, l'initiative de «Parrainer la croissance» constitue une approche originale alors que «le chômage des cadres de plus de 55 ans, diplômés des grandes écoles, est ahurissant, affirme Denis Jacquet.
Quand ils sont jeunes, leur diplôme est une prime à l'embauche. À la sortie, ils sont désavantagés, car étant au top de la hiérarchie et des rémunérations, leur chance de retrouver un emploi équivalent est quasi inexistante».

 

Référence : Le Figaro du 30 Mai2014

 

 Nota: Cette solution avait été proposée par la FIDES dans son document
 "Le blues de quinquas
"