Les 5 pistes du rapport Bellon

Les 5 pistes du rapport Bellon pour garder les seniors en emploi plus longtemps

 

Le Figaro détaille le document remis ce mardi à Muriel Pénicaud, qui a lancé une concertation sur le sujet avec les partenaires sociaux dans le cadre de la réforme des retraites.

 

Par Marie-Cécile Renault

 

Publié hier à 12:01, mis à jour hier à 15:47

 

Alors que le gouvernement veut faire travailler les Français plus longtemps, il est donc urgent de favoriser le maintien dans l’emploi des seniors.

 

Alors que le gouvernement veut faire travailler les Français plus longtemps, il est donc urgent de favoriser le maintien dans l’emploi des seniors. 301160967/BullRun - stock.adobe.com

 

Le diagnostic est posé: dans le privé, un actif sur deux qui part en retraite n’est déjà plus en emploi, parce qu’il est au chômage, inaptitude, inactivité etc. Si le taux d’emploi des 50-54 ans se maintient à la hauteur des plus jeunes (80,5%), il tombe à 72,1% pour les 55-59 ans, et chute carrément à 31% pour les 60-64 ans. Et à 62 ans, l’âge légal de départ en retraite, seuls 20% des assurés sont encore effectivement en emploi...

 

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Alors que le gouvernement veut faire travailler les Français plus longtemps, il est donc urgent de favoriser le maintien dans l’emploi des seniors.
Et ce d’autant qu’ils constituent un vivier de travailleurs expérimentés à l’heure même où les entreprises affirment ne pas trouver les compétences qu’elles recherchent.
Missionnée par le gouvernement, Sophie Bellon, la présidente du conseil d’administration de Sodexo, appelle à faire changer les mentalités.
«Le gros frein reste lié aux représentations culturelles, explique-t-elle. Dans les années 1970 et 1990, on a mené une politique de préretraites avec l’idée que les seniors prenaient le travail des jeunes. C’est faux mais c’est resté ancré dans la tête des gens. Des petites mesures juridiques ou techniques ne suffiront pas à changer cela, il faut des mesures structurelles».

 

Sophie Bellon, qui a travaillé avec Olivier Mériaux, consultant au sein du cabinet Plein sens, ancien directeur général adjoint de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT), et Jean-Manuel Soussan, Directeur des ressources humaines de Bouygues Construction, proposent 5 pistes clés recouvrant 38 propositions.

 

1- Mieux anticiper l’usure professionnelle en plaçant les enjeux du vieillissement au centre de la future réforme de la santé au travail, notamment en favorisant une meilleure synergie entre médecin du travail, médecin traitant et entreprise. Mais aussi en augmentant la part du budget des accidents du travail maladies professionnelles consacrée à la prévention ou en intégrant les actions de prévention dans les accords de branche prévoyance/santé. L’objectif est de mieux détecter les «signaux faibles» en amont de la délivrance d’arrêts de travail.

 

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2- Renforcer l’investissement en formation à partir de la mi-carrière, en développant l’offre d’accompagnement des projets individuels de formation et en créant un mécanisme d’incitation à utiliser son CPF dans une perspective de préparation à la retraite «active» (bénévolat, mandats associatifs ou politiques). L’entretien professionnel biannuel devrait aussi être l’occasion d’aborder la seconde partie de carrière du salarié et la préparer. Les dépenses publiques de formation devraient être davantage consacrées aux dispositifs de reconversion et de transition pour les actifs à partir de 45 ans et ceux ayant exercé des métiers pénibles.

 

3- Faciliter les mobilités et évolutions professionnelles, avec notamment des propositions pour favoriser les mobilités des salariés expérimentés de grandes entreprises, entre filiales d’un même groupe, et mieux organiser les mobilités au niveau des territoires au travers de plateformes de services.

 

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4- Assouplir les frontières entre emploi et retraite en élargissant l’accès à la retraite progressive et en rendant le cumul emploi-retraite plus attractif. Il est aussi nécessaire, selon le rapport, d’harmoniser le cadre social et fiscal des indemnités de rupture afin d’éviter les pratiques de contournement liées aux différences du régime social et fiscal des indemnités de départ volontaire à la retraite et de l’indemnité de licenciement. Le rapport préconise de supprimer la contribution de 50% sur les indemnités de mise à la retraite et propose d’expérimenter une bonification à compter de 57 ans pour les salariés licenciés ( sous conditions d’ancienneté) convertible en rachat de trimestres/points pour la retraite.

 

L’objectif est aussi de favoriser les logiques d’aménagement des fins de carrière. Le rapport préconise par exemple d’expérimenter, au niveau des branches et entreprises volontaires, un «droit de demander» («right to request») un aménagement raisonnable de l’organisation du travail en fonction de leurs besoins et contraintes propres. Ou encore d’inciter les branches à négocier un «dispositif d’aménagement conventionnel de fin de carrière» permettant à un salarié volontaire de voir sa rémunération baisser corrélativement à un allègement de ses responsabilités en contrepartie du versement de l’indemnité conventionnelle de licenciement.

 

5- Faire évoluer profondément nos représentations liées à l’âge, en menant des travaux de recherche pour analyser la valeur ajoutée de l’expérience et son impact positif sur la performance des organisations. Mais aussi valoriser l’engagement et les bonnes pratiques des entreprises.

 

 

Commentaires :  Voilà 10 ans que la Fides a fait ces propositions !!
Nous les avons d'ailleurs envoyées, avec notre manifeste, au Haut Commissaire Delevoye puis à Madame Bellon dès sa nomination
Le point 5 serait intéressant à travailler mais avec un réel suivi.